Exposition « Le fruit défendu » à Namur.

Neuf artistes contemporains autour d’Evelyne Axell.

du 7 au 29 mars 2015
Le fruit défenduL’asbl Lieux-Communs présente à la Galerie du Beffroi du 7 au 29 mars ,en partenariat avec le Service Culture de la Ville de Namur, l’exposition « Le Fruit défendu ».
Dans cette exposition, neuf artistes contemporains font écho aux œuvres d’Evelyne Axell par les thématiques envisagées, les techniques utilisées, le regard sur le monde, l’ironie provocatrice…
L’œuvre d’Evelyne Axell est aujourd’hui redécouverte internationalement avec des expositions dans des lieux phares de l’art contemporain. Cette artiste est devenue une icone du Pop art ; au moyen d’une douce subversion, ses questionnements liés à la représentation de la femme, à l’identité, au plaisir, au rapport à la nature… restent éminemment actuels. Alors que le Pop art peut parfois donner l’impression d’une légèreté ancrée dans l’optimisme des années 60 et liée à la société de consommation, l’œuvre d’Evelyne Axell, par sa face plus sombre au-delà des apparences, soulève des interrogations intemporelles. Cette exposition lui rend, dans sa ville natale, un hommage vivant pour souligner le côté précurseur de son approche artistique.
Autour d’une œuvre emblématique d’Axell , « Le peintre », où elle se représente nue, l’exposition réunit des travaux d’Ulrike Bolenz, Elisa Brune, Philippe Decelle, Benoît Félix, Sylvie Macias Diaz, Nadja Verena Marcin, Karine Marenne, Jean-François Octave et Anne-Mie Van Kerckhoven.
Les regards ainsi que les approches artistiques sont variés mais tous ces artistes ont un lien de complicité avec Evelyne Axell. Lorsqu’ils ont été contactés pour cette exposition, ils ont été ravis à la perspective de confronter leur univers à celui d’Axell.

 

LES 9 ARTISTES
Anne-Mie Van Kerckhoven, AMVK en abrégé, dont l’œuvre est également reconnue internationalement, s’intéresse aux relations entre art, science, politique et thématiques sociales. Elle examine les aspects obscènes de la société d’un point de vue féminin. Elle crée des peintures aux structures très graphiques et des dessins de femmes combinés à des surfaces de couleurs vives. Le graphisme et l’utilisation des couleurs s’apparentent à l’œuvre d’artistes comme Warhol et Liechtenstein. L’ensemble est empreint de féminisme et cherche à briser des postulats, à interpeller notre créativité. Pour y parvenir, AMVK recourt aux technologies les plus actuelles. Elle scanne ses dessins ou photos, les traite et les imprime sur support synthétique (plexiglas et polystyrène). Elle s’interroge sur les structures de pouvoir dans le monde artistique et dans la société en général. Pour elle, l’art joue un rôle prépondérant de critique de la société. Elle présente à Namur cinq œuvres de sa série « Palet ».

Ulrike Bolenz, tout comme Axell, se met en scène personnellement dans de nombreuses œuvres mais il s’agit d’autoportraits dépersonnalisés. L’artiste ne veut pas se représenter mais plutôt évoquer, à chaque fois qu’elle utilise sa propre image, un état et des expressions. Le corps est envisagé comme l’enveloppe visible de l’humanité. Utilisant le plexiglass, Ulrike Bolenz a su allier photographie, informatique et peinture dans un travail plastique qui projette sa vision chaotique du monde et met en question le progrès scientifique (clonage…). Pour cette artiste, la femme tient un rôle spécifique dans notre société et son émancipation reste toujours une question d’actualité. Pour « Le fruit défendu », Ulrike Bolenz présente des installations en plexiglas de sa série Cocon.

Elisa Brune a écrit pour l’exposition un texte dont voici l’introduction : « J’ai toujours su que le corps des hommes serait l’affaire de ma vie. C’est le regard qui me l’a dit. La direction de mes yeux, avant même que la volonté ne se mette à prescrire. Les yeux vont, braquent, touchent, pilent, emballent et pointent au dehors ce que vise le désir touffu qui bruit au dedans ». Elle présente en parallèle des aquarelles sur le désir des femmes pour le corps des hommes. L’origine du monde, version féminine…

Philippe Decelle explore, à travers ses œuvres picturales et sculpturales, les rythmes séquentiels de l’architecture et de la nature. L’artiste fait référence à Flaubert qui écrivait, en 1852, « l’art sera quelque chose qui tiendra le milieu entre l’algèbre et la musique ». Philippe Decelle nourrit un intérêt particulier pour le plexiglas, les œuvres en néons ainsi que les réalisations d’art public (aéroport de Bruxelles-national, métro de Bruxelles, Résidence Palace…). Il jette un regard caustique sur les travers des sociétés contemporaines dans ses œuvres présentées dans l’exposition : « La cigale et la fourmi » et « Paysage aux noyés ».

Benoît Félix, qui vit dans la région namuroise, construit sa pratique artistique avec beaucoup de liberté en investissant par le dessin les limites ou le bord. Il crée un espace intermédiaire qui joue sur les rapports entre la représentation et le réel, l’image et l’objet. La thématique du corps s’est aussi invitée dans son œuvre telle sa vidéo « Borderline » où la personne qui dessine est confrontée à la ligne qu’elle trace. Pour « Le fruit défendu », Benoît Felix présente la série « Rose-peau-prose/couperose – images de corps/corps d’image », ces images de corps retravaillées pour que leur bord fasse sens. Il propose également « Une seule ligne (pagne) », un dessin découpé qui répond au travail d’Evelyne Axell.

Sylvie Macias Diaz s’interroge dans son travail artistique sur les représentations de la femme. Elle a ainsi réalisé une série de femmes sensuellement allongées (prêtes à être consommées ?) sur des planchettes à tartiner en « formica », cette matière plastique couramment utilisée dans le mobilier et les objets utilitaires des années 60. Cette série illustre les fantasmes de ces femmes d’intérieur souhaitant ressembler aux modèles séducteurs de l’univers publicitaire et aux Barbies. « Ameublement d’intérieur & jambes crochets » est justement le titre de sa série exposée à Namur.

Nadja Verena Marcin est une artiste multimédia et une performeuse vivant à New York. Se nourrissant de son expérience, elle interroge les situations du quotidien avec ironie, poésie et un sens de l’absurde. Elle questionne dans la culture occidentale la morale, l’histoire, la sexualité, la question du genre et la politique. Elle présente à Namur son travail photographique « No country ». Celui-ci met en scène l’artiste avec différents partenaires dans un décor de plage paradisiaque. Ces couples aux positions acrobatiques reconstituent avec leurs habits les couleurs de drapeaux nationaux. La série suscite un regard doux-amer sur les ambiguïtés des relations amoureuses.

Karine Marenne traite ses thématiques récurrentes : les rapports homme/femme et les jeux de pouvoir propres à la nature humaine. Elle développe le projet « Art Maid » né de ses rencontres avec des collectionneurs d’art contemporain. Elle se définit comme une « soubrette de l’art » et propose ses services aux collectionneurs. L’uniforme est traditionnel sauf que le rose domine, symbole de l’ambivalence de la situation. Evoque-t-elle la servitude de l’artiste ou la convoitise suscitée par l’œuvre d’art ? De sa série « Art Maid », elle expose à Namur trois loques brodées.

Jean-François Octave mêle dans son travail image et texte, journal personnel et interventions dans l’espace public. Diplômé d’architecture à La Cambre, il s’oriente ensuite vers les arts plastiques en explorant une pluridisciplinarité critique et décalée. Après avoir représenté la Belgique à la Biennale de Venise, il expose internationalement (New York, Paris…). Son travail associe des visages connus et inconnus, des aphorismes, des extraits de journaux intimes, des photos, et confronte ainsi l’imaginaire collectif à la sphère intime. L’histoire du monde se mêle aux souvenirs personnels de l’artiste qui, à leur tour, font appel à nos propres émotions.
Jean-François Octave a réalisé de nombreuses interventions permanentes dans l’espace urbain : station de métro Heysel, « Un labyrinthe du monde » (hommage à Marguerite Yourcenar), « Ma mythologie gay. Un monument de tout le monde », « Cette école peut devenir une œuvre d’art » (Saint-Louis Bruxelles)… Jean-François Octave a produit pour l’exposition une œuvre qui est le fruit de ses réflexions sur l’univers visuel d’Evelyne Axell.

Fruit défendu

Galerie du Beffroi,
Rue du beffroi, 13
5000 Namur

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