Exposition rétrospective à Clermont-Ferrand.

Du Viol d’Ingres au Retour de Tarzan.

19 mai au 10 septembre 2006.
 Clermont
L’œuvre d’Évelyne Axell a peu été montrée en France. En 1969, la toute jeune galerie Daniel Templon avait certes donné à voir, présentée par Pierre Restany, une série de représentations féminines, que l’on peut qualifier d’allégoriques, peintes à l’émail sur Plexiglas. Et, en 2000, le Centre Wallonie-Bruxelles, à son tour, mais trente et un ans après, avait déployé à Paris un ensemble représentatif de son œuvre.

C’est donc en 2006 avec l’exposition Du viol d’Ingres au retour de Tarzan, au musée d’art Roger-Quilliot, qu’est enfin consacrée, par un musée français, une importante rétrospective à cette grande artiste belge morte brutalement dans un accident de la route, à l’âge de trente-sept ans. L’exposition présente soixante peintures, onze dessins, cinq objets peints. La carrière d’Axell a été brève, intense, fulgurante. À la peinture, comme au théâtre et au cinéma, elle a voué sept années de travail heureux, sept années qui l’ont conduite d’un apprentissage classique du métier de peintre, sous l’autorité de Magritte, à l’épanouissement d’un style singulier, unique, dont l’esthétique Pop américaine et surtout anglaise lui ont offert les prémices.

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L’art d’Axell ne s’est en rien soumis ou conformé à l’esthétique et à l’iconographie du Pop Art. On ne peut pas, non plus, l’enrôler sous la bannière du Nouveau Réalisme ou de la Figuration narrative. Comme les artistes américains, comme les nouveaux réalistes, elle a exalté un style de vie urbain et, non pas la nouveauté, mais le neuf, la beauté froide, hygiénique, aseptisée du neuf. Elle en a exprimé la poésie par le recours à des matériaux contemporains, polyester, fourrures synthétiques, etc., dont l’énumération des noms de certains compose des comptines énigmatiques : krylon, Unalit, Plexiglas, Formica… Elle a su tirer parti de leurs matérialités mates, opaques, permettant parfois des transparences opalines baignant leur coloration dans une lumière égale, blanche, fragile, lumière du matin à jamais.

Mais, surtout, elle a su créer une iconographie érotique, douce et délicate, une célébration féministe du corps, de la sexualité délivrée du péché, des culpabilités aliénantes. Comme ses contemporains, elle a aimé découper dans les matériaux neufs, nouveaux, les contours de ses œuvres. Elle a aspiré à un art ludique, mais aux jeux froids, formels, seulement visuels, des artistes cinétiques, elle a proposé des œuvres à caresser, à toucher, comme les corps que ses œuvres célèbrent. Cette aspiration à une vie libre va se cristalliser dans ses représentations de paysages d’aube, jungles luxuriantes et plages d’îles nouvelles, sortes d’Édens à retrouver où semblent confluer toutes les quêtes des ailleurs où fuir qui ont travaillé, disons depuis Gauguin, nombre d’artistes et d’écrivains. Ce n’est pas un hasard, si l’art d’Axell peut nous évoquer le style des œuvres symboliques, leur linéarité simplificatrice, leur composition par aplats, leur refus de la perspective.

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Elle s’inscrit ainsi dans l’une des traditions de l’art belge, à la suite de Félicien Rops, dont certaines de ses œuvres se souviennent, de Fernand Knopff, de Léon Spilliaert, de Magritte et de Delvaux, etc. Mais elle la transcrit dans son style unique et la revivifie, dans les rêves de Barbarella et de Tarzan.

Le musée d’art Roger-Quilliot

Situé Place Louis-Deteix dans le quartier historique de Montferrand, le musée d’art Roger Quilliot est implanté dans l’ancien couvent des Ursulines, édifié au XVIIIe siècle, et désormais classé monument historique. Il a été créé sur ce site en 1992, en regroupant les collections municipales de beaux-arts.

Quartier historique de Montferrand
Place Louis Deteix
63100 Clermont-Ferrand
tél. 04 73 16 11 30
fax 04 73 16 11 31
e-mail : musee.art@ville-clermont-ferrand.fr

Ouvert du mardi au dimanche

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