Article de Claude Lorent dans La Libre Belgique.

Le duo de tête du pop : Warhol – Axell .

Une courte expo, huit jours seulement, réunit exceptionnellement à Bruxelles les œuvres de deux figures mythiques du pop’art : l’Américain Andy Warholl et la Belge Evelyne Axell. 

AxellWarhol

A L’INITIATIVE CONJOINTE DE LA SALLE DE VENTE Maison Cornette de Saint Cyr et de la galerie Paris/New-York Taglialatella, se tient exceptionnellement à Bruxelles, et pendant huit jours seulement, une exposition masculin/féminin qui place sur pied d’égalité la star mondiale du pop’art américain Andy Warhol et l’artiste belge dont la reconnaissance internationale ne cesse de croître, Evelyne Axell. Est-ce un hasard ? Pas vraiment car si l’on prend la peine de se reporter aux années soixante, on s’apercevra rapidement que le mouvement du pop art fut essentiellement masculin et que les femmes artistes de l’époque, peu nombreuses, éprouvèrent grand mal à se faire entendre. Une exposition qui s’est tenue à Vienne en 2011/2010 (ensuite à Hambourg) en rassembait les principales pour la première fois. Participaient à cette exposition « Power up » Sister Corita, Christa Dichgans, Rosalyn Drexler, Jann Haworth, Dorothy Iannone, Kiki Kogelnik, Marisol et Niki de Saint Phalle, la seule à connaître assez rapidement une carrière internationale, mais Evelyne Axell en fut indubitablement la vedette, une de ses œuvres étant par ailleurs reprise sur l’affiche ! Cette reconnaissance, tardive sans doute, qui depuis quelques années porte amplement ses fruits en Allemagne, à New York, à Londres, voire en Belgique où le Wiels lui a consacré une expo personnelle ainsi que la galerie Patrick Derom qui la montre aussi en foire, peut trouver sa source dans l’antagonisme qui existait entre la représentation de la femme chez les artistes masculins et les revendications à caractère féministe qui sous-tendaient le travail de ces femmes pionnières. Le langage militant d’Evelyne Axell qui a donné une dimension érotique à son engagement pour la libération sexuelle de la femme et à le droit de disposer de son corps dont elle fit le motif premier de ses peintures, ne pouvait à l’époque trouver écho favorable qu’auprès d’une petite minorité. Aujourd’hui, avec le recul, l’histoire lui donne raison, tant sur le plan du féminisme que dans ses avancées picturales expérimentales (nouveaux matériaux, peinture émail…) mais abouties, et il est donc logique d’enfin considérer son œuvre comme l’une des plus marquantes, novatrices, audacieuses, singulières et importantes du pop’art. Et c’est précisément cette reconnaissance qu’apporte à l’évidence cette exposition en compagnie exclusive du pape du pop. Un duo de tête !

Il est inutile de présenter encore Warhol (1928-1989) qui inclut dans sa démarche, avant tout le monde, le principe du développement du marché de l’art principalement à travers la diffusion prolifique de multiples. Ce que démontre l’exposition qui présente des lithos, des offsets, des sérigraphies parfois rehaussées d’aquarelle, des peintures sur papier et sur toile, couvrant la période de 1956 à 1986, œuvres dans lesquelles on retrouve les principaux sujets, des fleurs aux autoportraits, des ombres à l’ »Electric Chair », des putti aux portraits des Kennedy, de Mick Jagger, de Mao ou de Depardieu. Soit plus de quarante œuvres.

Quant à Evelyne Axell (1935-1972) elle sera représentée par une quinzaine d’œuvres de 1965 à 1971, des huiles sur toile, sur bois, sur panneau, des peintures à la bombe sur divers supports, des peintures à l’émail sur plexi, des formes découpées, des feutres sur papier, même un bronze peint, soit une multitude de techniques dans lesquelles elle décline ses sujets de prédilection de l’univers féminin : autoportraits, nus, « Ice Cream », homard, « Oiseau paradis »…

Claude LORENT

20 septembre 2013

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